LH55 - La LH avant Noël

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Les Télévoyages d’Amélie - le peuple Kurde

Les Télévoyages d'Amélie : le peuple Kurde

article écrit par Amélie Latour,

Les Kurdes souvent surnommés comme étant le plus grand peuple apatride sont un peuple vivant dans la région que l'on appelle le Kurdistan et un peu dans le Khorasan ( dans l'Est de l'actuel Iran).

Drapeau du Kurdistan représentant le peuple Kurde

Carte du Kurdistan

Carte des zones peuplés par des Kurdes

Les Kurdes en majorité se disent descendants des Mèdes, un ancien peuple iranique qui a existé environ du 9ème siècle avant JC jusqu'au 5ème siècle avant notre ère.

Représentation de Mèdes

Dans l'hymne national Kurde, on peut entendre, "Nous sommes les enfants des Mèdes et de Cyaxarès", Cyaxarès étant un roi Mède.

Représentation de Cyaxarès

Les Mèdes ne nous ayant pas laissé de traces écrites de leur histoire, on reconstruit souvent leur histoire grâce aux textes que nous ont laissés leurs voisins, les Assyriens, les Babyloniens, les Grecs et les Arméniens.

Mais voici donc l'histoire des Mèdes. Autour du deuxième millénaire avant notre ère, la région dans l'Ouest de l'actuel Iran et du Kurdistan subissent les migrations des tribus Iraniques qui s'installent dans la région. La question de la migration de ces tribus — en un grand bloc ou plutôt tribu par tribu — est encore en débat.

A cette époque, la région de l'Ouest de l'Iran, de l'Arménie et du Kurdistan est le lieu de grands états comme l'Elam (dont on peut retrouver les descendants que sont le peuple Lur en actuel Iran), l'Assyrie (état dont le nom donnera par déformation le nom de l'actuelle Syrie et dont les descendants peuvent se retrouver à travers les descendants de l'actuelle Syrie mais aussi à travers le peuple Assyrien) et l'Urartu (état considérée comme l'ancêtre des états Arméniens).

Carte de l'Elam

Empire Assyrien avec en Rouge la zone d'origine des Assyriens et en marron l'empire Assyrien au 7ème siècle avant notre ère

La première note sur les Mèdes datent du 9ème siècle avant notre ère, date où ils sont mentionnés dans un texte Assyrien. Les sources Assyriennes du 8ème et 7ème siècles mentionnent que les Mèdes à cette époque ne sont pas unifiés et vivent dans les actuelles montagnes de Zagros.

Carte indiquant la position des montagnes de Zagros

Les différents dirigeants Mèdes étaient appelés "bēl āli" signifiant seigneur de cité et qui est le terme utilisaient par les Assyriens pour désigner les dirigeants pas assez importants pour être appelés Rois.

Pour les Assyriens, les Mèdes étaient un peuple étrange à la frontière du monde civilisé pour eux.

Cependant les Assyriens ne voyaient que peu d'intérêt dans les terres des Mèdes, en premier lieu car les ressources qu'elles contenaient, les Assyriens pouvaient les obtenir dans des endroits plus faciles d'accès au nord. Cependant lorsque l'Urartu envahit le Lac Ourmia, cela coupa l'accès de l'Assyrie à ces points d'accès facile de ressources. Le pays des Mèdes devint dès lors pour eux, très intéressant, en effet ils leur permettaient de retrouver un moyen d'obtenir les ressources qu'ils recherchent sans avoir à affronter l'Urartu.

Position du lac Ourmia en actuel Iran

Une île du Lac Ourmia

De 819 à 818 avant JC, le roi de l'empire Neo Assyrien, Shamshi-Adad V, envahit les montagnes de Zagros et donc une partie du pays des Mèdes.

Portrait de Shamshi-Adad V

Des inscriptions de stèles disent que dans ses montagnes, dans lesquelles le roi combattit les Mèdes dirigés par Hanaşiruka, les armées Assyriennes auraient — selon ces inscriptions — tué 2300 guerriers, 140 cavaliers et auraient détruit, la capitale royal de ce dirigeant Sagbita et 1200 lieux de vie. De nos jours, il semble très probable que cela soit une exagération, d'autant qu'Hanaşiruka survécut au combat et ne se soumit pas au roi Assyrien et qu'aucun bout de sa terre ne fut prit. Cependant cette campagne marque le début des tentatives de prise de contrôle de la Médie par les Assyriens.

De 810 à 766 avant JC, on dénote entre 7 et 9 campagnes contre la Médie directement par les Assyriens dont 5 entre 793 et 787.

Cependant, ces offensives sur la Médie semblent surtout avoir été prévues pour le pillage et non pas dans un réel but de contrôle du pays.

Ce n'est que de 744 à 727, sous le règne du roi de l'empire Neo-assyrien Tiglath-Pileser III, que certaines régions de la Médie tombent sous contrôle Assyrien.

Stèle de Tiglath-Pileser III

Il forme ainsi des provinces et fait assyrianiser le nom des provinces en rajoutant kar qui signifie port où lieu de commerce.

En 738 avant notre ère, il partit mener une opération face aux puissants Mèdes de l'est qui fut un succès et lui permit de capturer la cité de Mulugani ainsi que 5000 chevaux, moutons et chèvres, d'après les sources.

Cette politique continua avec son successeurs Sargon II qui régna de 721 à 705 avant J.C. sur l'empire Assyrien. De 716 à 713 avant JC, il mena au moins 3 invasions sur la Médie, soumettant pas mal de chefs durant cette période. Cependant cette situation est à relativisée car la majorité des chefs qui avaient payé tribut aux assyriens en 714 avant JC refusèrent de payer en 713 avant JC, montrant que la domination sur la région était relative.

Représentation de Sargon II

Dans les faits la domination de la région par les Assyriens n'est pas aussi simple car même si les Assyriens avaient des forteresses dans le pays, les Mèdes même dans les provinces contrôlées restaient sous contrôle de chefs locaux. Les Assyriens, étant dans les faits trop peu nombreux dans la région pour réellement la contrôler, préféraient s'allier avec des seigneurs locaux pour qu'ils administrent pour eux la région en échange de quoi les seigneurs locaux devaient payer tribu au Roi assyrien avec des offrandes de chevaux principalement.

Cependant même la domination sur la Médie fut de courte durée pour les Assyriens car dès le règne du petit fils de Sargon, Esarhaddon (qui règna de 680 à 669 avant JC), on note que les Assyriens semblent avoir perdu le contrôle de la Médie, le roi assyrien craignant en plus le dirigeant Mède de Karkaššî, Kaštaritu appelée le roi des Mèdes. On trouve des textes du roi demande l'aide des dieux face à la puissance Médique. C'est aussi durant cette période que se forme l'empire Médique en se libérant du joug Assyrien. Son premier souverain fut Déjocès qui règna probablement de 700 à 678 avant JC.

Représentation d'Esarhaddon

Déjocès forma cette empire car d'après Hérodote, en ce temps d'anarchie pour les Mèdes, Déjocès essaya de maintenir la justice dans son village. Il obtient ainsi une réputation de neutre justice qui s'étendit sur d'autres villages et de plus en plus de personne voulurent lui demander conseil et justices, cependant il y eut tant de personne que Déjocès ne put suivre et il abandonna cette tâche. En réponse, les Mèdes décidèrent de faire de lui leur Roi. Déjocès passa ainsi de membre du bas peuple à Roi de la Médie.

Déjocès, Roi de la Médie commandant à ces troupes d'aller conquérir des terres

Il se fit construire une capitale Ecbatana,

Ruine d'Ecbatana, capitale de l'empire Médique

Orfèvrerie Mède trouvait à Ecbatana

On raconte que le roi s'installait dans son palais et qu'il était interdit de rire où de cracher en présence du roi.

Diakonoff nota qu'il lui semblait impossible que Déjocès soit le dirigeant de toute la Médie mais qu'il était plus probable qu'il dirige seulement quelques régions voisines, formant déjà une grande puissance dans la Médie.

Durant cette période, les attaques des scythes, principalement des Cimmèriens ( des peuples nomades iraniques du nord) affaiblissent de nombreux territoires, laissant des territoires sans dirigeant et laissant des chefs parfois plus faibles initialement l'opportunité de prendre du pouvoir et de devenir de grands dirigeants dans la lutte face à ces envahisseurs. C'est durant cette période que la puissance Mède devint importante.

Carte indiquant les migrations des Cimmèriens

Représentation de cavaliers et archers Cimmèriens

Archers Scythes

épée Scythe

C'est durant cette période que d'après Hérodote, Cyaxarès troisième roi de l'empire Médique et petit fils de Déjocès devint un grand chef, devenant reconnu pour ses nombreux exploits dans sa grande lutte face aux Cimmériens. Cette reconnaissance lui permit d'unifier complètement tous les Mèdes sous la bannière de l'empire Médique.

Entrée potentiel du Tombeau de Cyaxarès se trouvant dans la partie du Kurdistan qui se trouve en Iraq

Extérieur de la probable tombe de Cyaxarès

L'arrivée de Cyaxarès au pouvoir vient également dans une grande période d'affaiblissement de l'empire Neo assyrien. En effet cette empire est en guerre civile jusqu'en 626 avant JC. A la sortie de la guerre civile de nombreux peuples comme les Egyptiens, les Babyloniens, les Araméens et les tribus Scythes cessent de payer tribut aux Assyriens et déclarent leurs indépendances.

Pendant cette période l'empire Médique devient de plus en plus important. Cyaxarès conquiert la Hyrcanie et la Parthie (le pays des Parthes, un autre peuple iranique) durant son règne.

Carte de l'Empire Achéménide (donc ce n'est pas l'empire Médique ) mais qui indique la position de la Médie, de la Parthie et de l'Hyrcanie en haut à droite du côté de la mer Caspienne

Finalement durant cette période, Cyaxarès et le nouveau roi de Babylone, Nabopolassar font alliance contre les Assyriens. Ensemble ils mènent l'assaut contre les remparts de la ville de Ninive, la capital de l'empire Assyrien. De 616 à 609 avant JC, ces opérations Babylono-Mède mettent fin à l'empire Assyrien définitivement.

Le moyen orient est totalement redéfini par cette époque, la Babylonie, l'Egypte et la Médie ainsi qu'un autre état la Lydie s'affirme comme des grandes puissances de la région.

Carte des grandes puissances de l'époque de la région

Après la Chute de l'empire Assyrien, l'Empire Médique s'étend.

La chute de l'empire viendra sous le règne du fils de Cyaxarès, Astyage.

Représentation d'Astyage

Astyage arrivera en 585 avant JC après la fin d'une guerre de 5 ans entre la Lydie et la Médie. Il épousera Aryenis, la soeur du roi de Lydie Crésus dans le but de nouer une amitié entre les deux états.

Hérodote décrit la chute d'Astyage de la façon suivante. Une nuit Astyage aurait eu un songe lui disant que le fils de sa fille Mandane détruirait son empire. Sous la peur de cette nouvelle, il maria sa fille au prince de Perse, calme et réfléchi, et piur qui le roi n'était pas une menace.

Cependant, un deuxième songe lui rappela la dangerosité de l'enfant de Mandane. Il envoya alors son général Harpagus aller tuer l'enfant qui se nommait Cyrus, connu sous le nom de Cyrus le grand. Harpagus cependant ne put se résoudre à tuer l'enfant et le donna à un berger dont la femme venait d'accoucher d'un enfant mort né. Harpagus prit l'enfant mort né pour le présenter à Astyage comme Cyrus. Cependant, Cyrus fut finalement retrouvé à l'age de 10 ans et sous les conseils de son mage, Astyage épargna l'enfant et le rendit à Mandane, sa fille.

Harpagus fut puni par le roi qui lui fit manger son propre fils. En 559, Cyrus devint prince de Perse et en 553 sous les conseils d'Harpagus qui souhaitait se venger d'Astyage pour ce qu'il lui avait fait, Cyrus se rebella. Après 3 ans de lutte, à la bataille de Pasargadaes, les troupes d'Astyage refusèrent de se battre donnant la victoire à Cyrus le grand. Après sa victoire, Cyrus devient le souverain de l'empire Mède qui devient l'Empire Achéménides.

Tableau montrant Astyage après sa défaite face à Cyrus

Emblème de l'empire Achéménide de Cyrus

Cependant, Cyrus se montra comme un souverain éclairé, gardant Astyage dans sa cour et qui malgré les attaques verbales qu'ils pouvaient recevoir d'Harpagus, il fut bien traité à la cour de Cyrus.

Représentation de Cyrus le grand

Après la chute d'Astyage, Crésus entra en guerre contre l'Empire Achéménide.

Crésus sur son trône

Crésus montrant ces trésors à Solon dans le grand mythe de Solon et de Crésus

Voici le mythe de Crésus et de Solon : Un jour le grand roi Crésus reçu en sa cour, le sage grecque Solon. Il lui montra l'ensemble de ses trésors. Crésus sur de lui demanda alors au sage qui était l'homme le plus heureux, persuadé que le sage répondrait que c'est lui après avoir vu toute ces richesses. Solon cita alors 3 personnes déjà mortes (un mort pour sa patrie Tellus (mort pour Athènes) et deux frères morts d'une fin paisible après avoir reçu des prières pour leur bonheur de leur mère, ces derniers l'ayant aidés à aller prier au temple de Delphes) qui selon lui étaient plus heureuses que Crésus. Il lui dit alors : En vérité, je ne considère aucun homme comme heureux avant sa mort, car aucun homme ne peut savoir ce que les dieux lui réservent. Celui qui réunit le plus grand nombre d'avantages, qui les conserve jusqu'au jour de sa mort, puis qui meurt paisiblement, celui-là seul, sire, a le droit, à mon avis, de porter le nom d'heureux. Mais en toute chose, il nous appartient de bien marquer la fin, car souvent les dieux donnent aux hommes une lueur de bonheur, puis les plongent dans la ruine.

La guerre entre les Achéménides et les Lydiens tourna rapidement à l'avantage de Cyrus qui prit le contrôle de la Lydie. Il mit alors sur le bucher Crésus, et alors lorsque les flammes commençèrent, Crésus répéta Solon, Solon se souvenant des propos du sage. Cyrus se questionna alors sur ces paroles et on lui raconta cette histoire. Cyrus demanda alors que l'on éteigne le bucher mais les flammes étaient déjà trop avancées. Alors Crésus se tourna vers le dieu Apolon, dieu qu'il avait tant vénéré. Alors la pluie tomba sur le bucher sauvant Crésus qui entra alors à la cour du Roi des Rois Cyrus le grand.

Cela marque la fin définitive de la Médie qui ne devient plus qu'une province de l'empire Achéménide.

Malgré la chute de l'Empire Médique et la prépondérance des Perses dans l'empire Achéménide, les Mèdes gardèrent une place importante dans l'empire, influençant les coutumes de la cour, les Mèdes ayant de plus généralement de hauts postes dans l'empire conduisant les Grecs par exemples à ne pas faire de différence entre le terme Perse et Mède.

Soldat Mède derrière un soldat Persan

Je m'arrêterai ici pour l'histoire des Mèdes car leur histoire à partir de ce moment est très liée à celle des Perses et est surtout l'histoire Perse. Juste quelques petits points rapides sur ce qu'il arrivera de l'empire Achéménide et de la Médie. L'empire Achéménide sera conquis par Alexandre le grand. A la mort de ce dernier, c'est le Diadoque (un ami et général proche d'Alexandre le grand) et général de ce dernier, Séleucos qui obtiendra la Médie et la Perse formant l'empire Séleucide. Finalement, les Parthes, peuple de la Parthie que nous avions un peu évoqué chasseront les héritiers d'Alexandre le grand formeront l'empire Parthe.

Empire Achéménide à son apogée

Tête d'une statue représentant Alexandre le grand

Empire d'Alexandre le grand

Carte de la division de l'empire d'Alexandre le grand entre ces Diadoques

Monnaie à l'effichie de Séleucos

Carte de l'empire Parthe

Le terme Kurde apparaît pour la première fois dans quelques récits de l'époque Sassanide (un empire Perse qui règna du 2 au 7ème siècle de notre ère environ, née de l'affaiblissement de l'empire Parthe).

Carte de l'empire Sassanide en 620 à son extension territorial la plus importante

Drapeau de la Perse Sassanide

On peut lire dans le Kar-Namag i Ardashir i Pabagan, un texte perse racontant la conquête par le fondateur de l'empire sassanide, Ardashir I, le combat contre les tribus Kurdes et leur chef Madig pour les soumettre à son autorité.

Portrait d'Ardashir Ier sur une pièce

Cependant ce terme semble alors exister surtout pour désigner les peuples nomades du nord de l'empire plus que pour désigner un peuple unique, le dernier souverain de l'empire Parthe Artaban IV est désigné de Kurde par Ardashir alors qu'il était un Parthe (rappelons ici que les Parthes sont des peuples nomades à l'origine).

Pièce représentant Artaban IV

C'est à partir du moyen âge que l'identité Kurde commence à se former.

On notes en 639, d'après des sources arabes, qu'un noble Sassanide a rassemblé une armée de Kurdes pour essayer de vaincre les arabes. Cela ne marchera pas et les arabes continueront d'avancer dans la perse sassanide.

Les sources Syriaques (les sources en langue Syriaque généralement faites par des prêtres, la langue lithurgique utilisée par l'église Chrétienne Syriaque, l'église que les actuels Assyriens suivent et est également la langue lithurgique de certaines églises catholiques du moyen orient comme par exemple un peu encore chez les Maronites) les appellent les Kurdes, les Hurdanayes, les Kurdanayes où les Kurdayes.

Ils signalent également que les Hurdanayes forcés de combattre pour les arabes lors des invasions arabes dès leur arrivés devant l'empire Byzantin ont déserté demandant l'aide de l'empereur Byzantin Theophilus face aux arabes.

Empereur Byzantin Theophilus

En 829 de notre ère, une source Syriaque signale que les Kurdanayes se sont unis sous un roi pour se libérer de la domination arabe.

Les Kurdes sont désignés à l'époque comme étant païens suivant les religions Iraniennes traditionnelles et le Zoroastrisme.

Au début du Moyen âge, le terme Kurde apparaît régulièrement dans les sources arabes mais sert toujours à désigner les peuples nomades iraniques différents des persans. C'est à partir du milieu du moyen âge que l'on commence à noter dans les textes le début d'une unité culturelle Kurde et que le terme commence petit à petit à définir un groupe éthnique les Kurdes. A partir du 11ème siècle, le terme Kurde est explicitement indiquée comme servant pour désigner un peuple.

Du 10ème au 12ème siècle, les Kurdes vont former de nombreux états, nous pouvons dans ce cadre citer la dynastie Ayyubide formé par Salah ad-Din dit Saladin, Saladin qui était un Kurde.

Carte de la dynastie Ayyubide

Durant cette dynastie, le Kurde était la langue des élites et des nobles et beaucoup moins du peuple.

Tableau représentant Saladin

La dynastie Ayyubide et principalement Saladin eurent une grande influence sur le monde musulman, l'aigle symbole de Saladin ayant servi d'inspiration pour l'emblème de la région autonome du Kurdistan en Iraq.

Emblème du Kurdistan Iraqien

L'aigle de Saladin

Saladin est d'ailleurs un personnage intéressant car son influence va bien au delà du monde arabe, on peut citer sa présence dans le livre l'enfer de Dante appelée aussi la divine comédie de Dante, où Saladin se retrouve au premier niveau de l'enfer avec les philosophes Grecs, se retrouvant dans le niveau de l'enfer où les gens sont en enfer uniquement pour ne pas avoir été chrétiens dans leur vie.

Avec notre vision actuelle de Saladin, on pourrait s'étonner de le voir à cette place, rappelons que c'est lui qui a conquit le royaume de Jérusalem.

Carte des états croisés à la suite de la première croisade avec le royaume de Jérusalem

Drapeau du Royaume de Jérusalem

Cependant après l'échec de la troisième croisade pour reprendre la ville, lorsque le Duc d'Aquitaine, duc de Normandie, comte d'Anjou, roi d'angleterre, Richard Coeur de Lion signa la paix avec Saladin, Saladin promit (et respecta sa parole) de permettre à tous les pélerins Chrétiens de pouvoir aller à Jérusalem. Cette politique changeait radicalement avec les anciennes politiques des dirigeants musulmans de la région qui avait surtout interdit le pélerinage des Chrétiens (ce qui fut la cause de la première croisade rappelons-le) et lui donna ainsi dans le monde chrétien une image de tolérance et donc très favorable malgré qu'il était musulman.

Possesions en Rouge de la famille des Plantagenêt, la famille de Richard Coeur de Lion

Représentation de Richard Coeur de Lion

Finalement la dynastie Ayyubide fut conquise par les Mongols.

Les Kurdes vont finalement se retrouver sous la domination de la dynastie Safavid de la Perse à partir du 16ème siècle.

Carte de la Perse Safavid

L'origine d'ailleurs de la famille dirigeante de la dynastie possède quelques lointains ancêtres Kurdes.

Cependant à partir de 1514, les perses et les ottomans entrèrent en guerre dans ce qui continuera dans une longue lignée de nombreuses guerres entre les grandes puissances et cela pendant 300 ans. De ce fait durant cette période les Kurdes se sont retrouvés de nombreuses fois dans des territoires qui changeaient régulièrement de propriétaire entre les ottomans et les perses.

Le Shah Safavide Ismail Ier (le Shah c'est l'équivalent du roi chez les Perses) de 1506 à 1510 vainquit une révolte Yézidi. Les Yézidis sont des fois considérés comme un sous groupe des Kurdes pratiquant une religion qui leur est propre le Yézidisme dont je parlerai plus en détail dans la partie culture, des fois sont considérées comme leur propre peuple.

Portrait représentant Ismail Ier

Représentation d'un homme Yézidi en tenue traditionnelle

Cent ans plus tard, le shah Abbas Ier dit le grand vainquit une révolte Kurde mené par Amir Khan Lepzerin.

Portrait du Shah Abbas Ier

Il fit alors déplacer de nombreux Kurdes vers la région du Khorasan pour deux raisons, en premier lieu affaiblir les Kurdes face à son autorité et en deuxième lieu consolider la défense du Khorasan face aux Turkmènes et aux autres populations de la région.

Province du Khorasan au sein de l'actuel Iran

C'est de cette période que viennent les Kurdes du Khorasan.

Cependant malgré cette politique face aux Kurdes, Abbas Ier avait une relation complexes vis à vis d'eux, son épouse étant d'ailleurs une Kurde et on peut citer parmis ces amis, la présence de Ganj Ali Khan, un Kurde qui était très loyale au Shah et gouverna de nombreuses provinces de l'empire.

Ganj Ali Khan

Du côté Ottoman, après l'annexion en 1514, par ces derniers de l'Arménie occidental et du Kurdistan occidental, les ottomans vont utiliser des dirigeants locaux pour gouverner les régions.

Carte indiquant la position de l'Arménie Occidental dans les états actuels

Carte de l'empire Ottoman en 1914

A partir du 19ème, l'empire Ottoman souhaite centraliser son pouvoir ce qui déplaît très fortement aux Kurdes.

Bedir Khan Beg sera d'ailleurs un des derniers dirigeants Kurdes au service des ottomans. En effet, en 1847, il avait attaqué les Ottomans pour défendre les infrastructures Kurdes du territoire qu'il gouvernait.

costume de Bedir Khan Beg

Les enfants de Bedir Khan Beg auront un grand impact dans le développement du nationalisme Kurde au cours du siècle qui suivra.

Le premier acte nationaliste Kurde date de 1880 quand Sheikh Ubeydullah suivi de nombreux Kurdes menèrent une révolte contre les ottomans demandant l'autonomie où l'indépendance pour le Kurdistan.

Sheikh Ubeydullah

La révolte fut écraser par les ottomans qui chassèrent de nombreux meneurs de la révolte de la capitale ottomane.

Durant la première guerre mondiale, les Ottomans vont utiliser les conflits éthniques entre groupe à leur avantage, utilisant des auxiliaires de tribus Kurdes pour massacrer les Arméniens et aussi les Assyriens, durant le tristement célébre génocide des Arméniens. Cependant tous les Kurdes n'ont pas aidé le génocide et l'on compte également certains Kurdes qui se sont mis dans le camp des chrétiens contre les ottomans.

Arméniens et Cossack attendant les attaques des Kurdes

Cette événement marquera beaucoup les Kurdes, actuellement beaucoup d'organisation Kurde reconnaissent le génocide Arménien et l'implication de Kurdes dans celui ci. Ahmet Türk, dirigeant du parti de la société démocratique (un parti Kurde de Turquie) ayant le 3 Décembre 2008 présentaient ses excuses aux Arméniens et Assyriens pour ce que leur ont fait subir ces ancêtres. Propos qu'il a repris en 2014, redisant une nouvelle fois qu'il reconnaît ce que ces ancêtres ont fait aux populations Assyriennes et Arméniennes. On peut également retrouver sur le site du parti dirigeant du Kurdistan Iraqien, des articles sur le génocide Arménien rappelant bien qu'il s'agit d'un génocide.

Après le traité de Sèvres, les Alliés permettaient la formation d'un Kurdistan indépendant ainsi que d'une Arménie indépendante et donné des territoires à la Grèce.

Frontière du Kurdistan proposé par les Alliés

Cependant, le nationaliste turque Mustafa Kemal Atatürk empêcha cela, en forçant la signature d'un nouveau traité après des campagnes militaires, empêchant la formation d'un Kurdistan et d'une Arménie indépendantes. De plus ce nationaliste voulait homogénéiser la république de turquie qu'il venait de former, se faisant il va intensifier une politique de déportations des Kurdes de leurs terres natales où en les sédentérisant pour les pousser à se turquifié.

Cette politique de déportation qui avait déjà commencé durant la première guerre mondiale ( à partir de 1916, à la fin de la première guerre mondiale au moins 700 000 Kurdes avaient été déportés de leurs terres) et qui se terminera en 1934 provoqua un énorme traumatisme aux populations Kurdes qui avaient peur de subir le même sort que celui des Arméniens.

Durant cette période, les Kurdes vont se révolter contre le pouvoir turc comme de 1927 à 1931 formant la république d'Ararat, une république kurde en Arménie occidental autour du lac de Van.

Drapeau de la république d'Ararat

Position de la république d'Ararat autour du lac de Van

Lac de Van

Les dirigeants de la république d'Ararat

Ibrahim Heski, le président de la république d'Ararat

Les turques vont finalement écraser la république forçant les Kurdes à fuir vers l'Iran.

De plus les turques vont nommer jusqu'en 1991, les Kurdes comme étant des turcs des montagnes.

En 1941, les anglais et les soviétiques vont ensemble envahir l'Iran.

Un char Soviétique défilant à Tabriz, une ville du nord de l'Iran

Sur les territoires prit, les Soviétiques vont créer début janvier deux républiques, une république d'Azerbaidjan et la république de Mahabad, une république Kurde.

Carte des deux république avec en jaune la république de Mahabad

Photo de la formation de la république

Drapeau de la république de Mahabad

Sous la pression des puissances occidental, l'URSS redonna les républiques à l'Iran fin de l'année 1946.

En 1978, le PKK ( le partie des travailleurs du Kurdistan) est formé. Il s'agit d'un groupe politique armé qui a pour but d'établir l'indépendance du Kurdistan turc jusqu'aux années 1990, années à partir desquels, ils demandent une autonomie au Kurdistan turc et des droits pour le peuple Kurde.

Abdullah Öcalan le fondateur du PKK

Les Kurdes vont beaucoup souffrir sous le règne de Saddam hussein en Iraq, en effet se dernier est un membre du partie baas, un partie qui souhaite former une unité à travers l'identité arabe, et les Kurdes sont ainsi un problèmes pour cette idéologie. Les Kurdes subissant de nombreux massacres. Principalement de février 1988 à septembre 1988, où Saddam donne directement l'ordre de massacrer les Kurdes.

En 1992, la fin de la première guerre du golfe offre le terrain pour les Kurdes Irakien de proclamer l'autonomie du Kurdistan Irakien.Cette autnomie ne fut pas reconnu par le gouvernement Irakien mais effectif de facto.

Carte du Kurdistan Irakien

Cette autonomie protégea les Kurdes des difficultés que subissent les autres Irakiens durant le règne de Saddam Hussein, le Kurdistan Irakien se développant même économiquement et en tant que démocratie durant cette période. Deux ans après la chute de Saddam Hussein lors de la guerre d'Irak par les états unis en 2003, le gouvernement Irakien reconnaît l'autonomie du Kurdistan Irakien. Cependant la destruction du pouvoir par les états unis va conduire à une guerre civile au sein de l'Irak combiné cela à la guerre civile en Syrie voisine, cela va permettre la naissance de mouvements islamistes qui massacrent les populations Yézidis et Chrétiennes d'Iraks et de Syrie qui se réfugie dans le Kurdistan Irakien mais aussi dans le Kurdistan Syrien formée durant la guerre civile syrienne. Kurdistan Syrien qui prône une société égalitaire entre les femmes et les hommes et respectueuse des droits des minorités. Le Kurdistan devient ainsi le rempart pour protéger les Chrétiens et les Yézidis.

Kurdistan Syrien

C'est durant cette période que les Yézidis s'arment pour défendrent les leurs mais également la période du génocide des Yézidis par daech.

Les Kurdes vont énormément épauler les alliés venues pour combattre les terroristes islamistes de la région qui se trouvent en Iraq et en Syrie, libérant définitivement la région en 2019.

En 2019, on décomptait entre 30 et 35 millions de Kurdes

Passons maintenant à la culture Kurde :

Les Kurdes possèdent une mythologie très riche avec des créatures fantastiques, nous pouvons citer la Shahmaran, une créature moitié femme moitié serpent.

Représentation d'une Shahmaran

On peut également citer le Simurgh, une créature volante mythologique.

Représentation d'un Simurgh

Les Kurdes ont énormément de musiques traditionnels. Certaines de ces musiques servent à raconter des histoires traditionnels comme lors de la pratique du Dengbêj (ce qui signifie littéralement chant son) et pratiqués par des Dengbêjs.

Dengbêjs faisant des Dengbêjs

Musiciens Kurdes

Les Kurdes sont majoritairement musulmans sunnites (environ 68%) mais les Kurdes sont les seuls à pratiquer le Yézidisme.

La religion aurait été fondé par Adi ibn Musafir, un arabe qui s'est établi à Lalish (une ville du nord de l'actuel Irak dans l'actuel Kurdistan Irakien) voulant enseignée sa foi. Cependant en cette endroit vivaient des Kurdes qui suivaient encore une foi prézoroastrienne.

La ville de Lalish actuellement

Avec le temps, les enseignements d'Adi ibn Musafir vont fusionner avec la religion des habitants de la région formant une nouvelle religion le Yézidisme. Lalish devenant le lieu le plus sacré pour les Yézidis. La tombe d'Adi ibn Musafir étant un des lieux les plus sacrées.

Entrée du temple Yézidi de Lalish

La foi des Yézidis est la suivante. Les Yézidis croient en un dieu qu'ils appellent Xwedê, Xwedawend, Êzdan et Pedsha ( ce qui signifie Roi). Les Yézidis disent dans leurs hymnes que dieu à 1001 noms ( des fois 3003 noms).

Pour les Yézidis, le feu, l'eau, l'air et la terre sont sacrés et ne doivent pas être pollué. Ils font leurs prières en face du soleil, cela leur a valu d'être surnommés les adorateurs du soleil.

Pour les Yézidis, à l'origine du monde, il n'y avait que du vide et aucun ordre. Pedsha prit alors une part de lui, une parle de sa lumière (nur en Kurde) pour créer une perle blanche. Il créa également 7 anges pour l'aider dans ce monde, ils avaient pour leader, Merek Taus, l'ange paon

Représentation récente de Merek Taus

Le paon emblème de Merek Taus

Les Yézidis pensent que depuis ce temps, Pedsha est loin et inactif pour les hommes.

Les Yézidis croient en une triade, l'original étant Pedsha inactif. La première émanation de cette triade étant le dirigeant du monde, Merek Taus, l'ange paon. la deuxième émanation étant Adi ibn Musafir. Le dernier étant Sultan Ezid parfois considéré comme un ange des fois comme dieu directement. Cela se complique car des fois Adi ibn Musafir est considéré comme une émanation de Merek Taus.

Les musulmans et les chrétiens ont souvent eu tendance à associer Merek Taus avec Satan, se faisant, les Yézidis ont subis de nombreuses violences car considérés comme des adorateurs du diable. Les Yézidis refusent cette vision, considérant étant éternel et une lumière éternel (Tawûsî Melek herhey ye û nûra baqî ye en langue Kurde). Pour les Yézidis lorsque Merek Taus descend sur terre, les septs couleurs de l'arc en ciel le transforme en un paon qui part alors dans chaque partie de la terre pour la bénir.

Les Yézidis croient également en la réincarnation.

Les fêtes Yézidis sont le nouvel ans Yézidi appelé le mercredi rouge (Çarşema sor) où le mercredi du début d'avril (Çarşema Serê Nîsanê). La cérémonie est célébrée le premier mercredi du mois d'avril selon le calendrier julien où séleucide.

Célébration du nouvel an Yézidi

Une autre cérémonie importante des Yézidis est le Îda Êzî, célébrée en l'honneur de Sultan Ezid, et a lieu entre le premier vendredi de l'année où après le 14 décembre. Il a lieu pendant le solstice d'hiver.

En fête plus simple, on a les Tiwafs qui sont des fêtes dans les villages possèdant des tombeaux, ce sont des cérémonies faite chaque années pour honorer les anges de dieu.

Yézidis célébrant un Tiwaf

Une dernière fête est la fête de la cohésion qui a lieu du 6 au 13 octobre qui pour ceux qui peuvent doivent aller à la tombe d'Adi ibn Musafir pour un temps de réunion et d'unité entre les Yézidis.

LA tombe d'Adi ibn Musafir à Lalish

Les enfants Yézidis sont baptisés à leur naissance, ce baptême est appelé mor kirin. Ils reçoivent traditionnellement l'eau de Kaniya Sipî, une fontaine sacrée de Lalish. Trois fois, on mets de l'eau sur le front de l'enfant.

Représentation d'un Baptême Yézidi

Voici maintenant une image de nourriture traditionnel Kurde.

Tapis Kurde

Tenues traditionnels Kurdes

Ainsi se conclut cette épisode en espérant qu'il vous aura plu !

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